V 13/06/25 : Saint Laurent du Maroni

Saint Laurent du Maroni a été créée en tant que « ville pénitentiaire » par Napoléon III en 1852.
Le but était de désengorger les prisons en métropole et de peupler la Guyane. Les condamnés à moins de 8 ans devaient rester dans la commune pendant la même durée que leur peine. N’ayant pas de travail, ils n’ont pas pu payer le voyage de retour en métropole. Les autres n’avaient tout simplement pas le droit de rentrer.
Le bagne a fermé en 1953.
Plus de 70 000 condamnés sont passés dans les camps implantés sur le territoire de la commune. 90% sont morts sur place, principalement de maladie.

Monument en mémoire des bagnards

Il y avait 3 catégories de condamnés :

  • les déportés : condamnés politiques pour espionnage, trahison, désertion, faux-monnayage. Ils étaient divisés en 2 groupes : les déportes simples, envoyés aux îles du Salut (île Royale et île St Joseph), et les déportés en enceinte fortifiée envoyés à l’île du Diable, comme Dreyfus.
  • les transportés : les condamnés étaient « transportés » en Guyane pour y effectuer leur peine aux travaux forcés, suite à un acte très grave (vol à main armée, meurtre, vol qualifié, incendie volontaire). Il y a eu 55000 transportés.
  • les relégués : ils n’avaient pas commis de faute grave mais avaient récidivé. Ils n’étaient pas astreints aux travaux forcés. Il y a eu 18000 relégués.
  • les libérés : les transportés qui avaient purgé leur peine inférieure à 8 ans.

Il y avait une trentaine de camps de prisonniers sur la commune, dont le camp de la Transportation que nous avons visité:

Porche d’entrée du camp de la transportation
Un des 12 « dortoirs » collectifs

Selon les « fautes » qu’ils faisaient, les bagnards étaient condamnés à des peines pouvant aller jusqu’à la guillotine.

Les condamnations simples étaient exécutées dans les blokhaus. Dortoir collectif de 40 places, les condamnés pouvaient être aux fers, c’est-à-dire attachés par les pieds sur le bas flanc collectif pendant plusieurs jours, sans pouvoir aller aux toilettes …
Les fortes têtes étaient enfermés dans des cellules individuelles de 5 m², parfois dans le noir.

Les blokhaus

Les libérés, n’ayant aucun moyen de subvenir à leurs besoins finissaient par commettre des délits et revenaient au bagne pour un certain temps. Ils avaient alors le même système de punitions que les transportés.

Serrure de cellule
Les fers aux pieds. La manille coupe la circulation du sang, d’où risque de gangrène.
Cellule de forte tête où est gravé « Papillon ». Cf. le film

L’exploitation forestière a été une grosse activité du bagne. Des chemins de fer permettaient d’acheminer les billes de bois jusqu’au Maroni.
Des wagonnets spéciaux pour transporter des personnes étaient poussés par les bagnards. Ces personnes pouvaient être les surveillants, leurs familles, …

Wagonnet

Les briques étaient fabriquées sur place.

Brique estampillée « Administration Pénitentiaire » (AP)

En résumé de la visite du camp de la transportation, le système, prévu pour peupler la Guyane, n’a pas fonctionné, principalement à cause des épidémies qui ont décimé bagnards et fonctionnaires de l’Administration Pénitentiaire.
Le système disciplinaire était épouvantable. Sur terre, seul l’homme est capable d’imaginer et infliger de telles souffrances à ses semblables. Et cela quelle que soit la société et la période.

Dans l’après-midi, nous visitons le centre-ville. Il a gardé les bâtiments de l’époque.

Palais de justice

Suite à la découverte d’or dans la haute vallée du Maroni, des colons sont venus s’implanter en ville et ont bâti de belles demeures.

Banque de Guyane
Église paroissiale
Maison de personnel de l’administration pénitentiaire

Pour soigner les malades, un hôpital a été construit en bordure du camp de la Transportation.
Il a été maintenu et amélioré jusqu’à la réorganisation des services hospitaliers qui a conduit à sa fermeture. Quelques bâtiments accueillent un EHPAD, le reste est laissé à l’abandon et la nature reprend ses droits.

EHPAD
Bâtiment délabré
Les arbres poussent dans les bâtiments
Ancien accueil, devenu maison de la famille

Nous terminons la journée au restaurant,

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